
La saison est fraîche. Certains jours, il pleut pendant des heures ; d’autres fois la journée est ponctuée d’averses qui vont rythmer les activités. La lessive est souvent compromise, les douches chaudes sont très appréciables, les chemins ressemblent à des marécages. Les grenouilles et les énormes escargots prennent la place des lézards. Les mandarines, oranges et pamplemousses, celles des mangues et ananas.
Pour nous consoler, nous accueillons Kita, un chaton qui a développé de sérieuses compétences en escalade, football et gymnastique.
Le soir de son arrivée, alors que nous sommes de passage chez Eric, notre moto n’est plus à sa place devant le portail de sa maison. Dans le voisinage, on témoigne avoir aperçu deux personnes pousser l’engin. Les amis se mobilisent, équipés de lampes torches et de « coupe-coupe ». Un convoi de taxi-motos s’ajoute à cette armée bien décidée à retrouver les voleurs. La nouvelle se répand dans les quartiers aux alentours, tant et si bien que la moto est replacée à l’endroit de sa disparition, cinq heures de recherche après.
Un soir j’ose me rendre chez le coiffeur, une petite pièce sur rue non loin du boulot. Sous le miroir, des ciseaux pour couper le papier. Aux alentours, aucune bassine d’eau. Pas très rassurée assise sur la chaise en bois, j’observe le coiffeur dans le miroir poser un drap sur mes épaules. En quelques minutes, sur cheveux secs et à l’œil, il me fait une coupe au carré, plutôt réussie vu les moyens mis à sa disposition.
Auprès de l’équipe de RADI, je contribue au projet de développement local participatif financé par l’UE. J’ai la chance de participer à la journée de la femme africaine, pour laquelle une manifestation est organisée. Les femmes de la coalition chantent et dansent dans les rues de Kpalimé avant de se réunir à la mairie pour un débat, majoritairement en éwé.
Je suis aussi associée à la mise en place des groupes de concertation de la commune. Parmi les citoyens présents, les chefs des quartiers m’ont le plus impressionnés. Leur prestance impose à chacun de se baisser pour les saluer. Les chefs sont vêtus d’une tenue traditionnelle ou d’un pagne plié sur l’épaule, ils ont un bracelet particulier fabriqué avec de très grosses perles et une paire de tongs en cuir ornées d’un pompon singulier. Le « chef des chefs » porte une couronne.
A la bibliothèque de l’ONG, j’apporte quelques idées pour le réaménagement des rayons et de l’espace lecture. J’en profite pour bouquiner un peu. Je découvre quelques contes du Togo et l’histoire de Souad, qui témoignait il y a quelques années sur les plateaux télévisés.
Le boulot est fonction du lever et du coucher du soleil. Ici, pas de 9h-17h. La journée commence à 7h30 et se termine aux environs de 17h30 avec une pause de 2h pour se reposer et déjeuner. Des pauses imprévues sont imposées par les coupures de courant, assez fréquentes qui empêchent de travailler sur ordinateur. A la maison, ces coupures nous obligent parfois de cuisiner dans l’obscurité. La douche du soir se fait toujours à la lueur d’une bougie, le système électrique de la salle de douche étant défectueux.
L’absence d’eau courante s’ajoute aux déficits en électricité. Nous avons la chance d’avoir un puits dans la cour qui nous permet de faire la vaisselle dans une bassine, de se brosser les dents au verre, de prendre nos douches au sceau et de faire la lessive à la main. Il faut avouer que le manque de confort se fait sentir et qu’utiliser le lavabo à RADI pour se laver les mains est un vrai bonheur.
Dans la pièce indépendante de la cour qui fait office de cuisine, ni gaz, ni plaques électriques. Tous les repas se préparent au charbon. Je maîtrise de mieux en mieux la technique d’allumage et le temps de cuisson. On a néanmoins instauré un système pratique pour le café du matin : on chauffe une grande marmite d’eau la veille à l’heure du dîner lorsque le charbon est bien chaud, une grande partie est utilisée pour la douche chaude du soir, l’autre est conservée dans un thermos jusqu’au petit déjeuner, dont la préparation est alors réduite de 30min. Un moment très « cool cash » puisqu’on a la chance d’accompagner le café de pain et de pâte à tartiner 🙂