
En janvier 2010, grâce à l’association AMECAA, je m’envole pour découvrir la région des plateaux au Togo, réputée comme étant la plus belle du pays.
Après deux avions et des heures d’attente en Libye, j’arrive à Lomé dans la nuit, sous un climat humide. On m’apprend que la pluie ici, «ça porte chance pour l’arrivée». Au réveil, que d’émerveillements et de découvertes ! Les motos taxi grouillent, une trentaine d’hommes tirent un gigantesque filet de pêche sur la plage, les enfants en uniforme scolaire se rendent à l’école parmi des poules, des chèvres et des lézards de physionomie préhistorique.
Après un long voyage en taxi brousse – vingt personnes serrées dans un vieux camion à quinze places assises – je gagne Kpalimé, capitale de l’artisanat togolais, où je vais vivre trois semaines dans une maison du quartier Niwémé, avec cinq Togolais et cinq Français.
Victor, le président de l’association, m’apprend à puiser l’eau du puits pour la vaisselle et la douche – au sceau et en plein air. Kafui, une jeune diplômée en restauration, me fait découvrir le marché et les plats traditionnels togolais. Franck, un artiste, m’enseigne le batik, une technique de décoration sur tissu, apportée d’Indonésie en Afrique par les voyageurs. Pascal, un infirmier, m’offre des soins dignes d’un sorcier et des soirées au rythme des percussions.
Mes colocataires Français sont des éducateurs spécialisés en formation. Je profite de leurs visites de travail dans les institutions de prise en charge : un centre d’accueil pour enfants aveugles et mal-voyants, une école de sourds et muets, une institution pour jeunes handicapés mentaux. Je constate qu’ici, de grandes choses se font avec peu de moyens mais beaucoup d’énergie et de passion.
Je me lie d’amitié avec des Togolais qui m’octroient généreusement de leur temps et me prennent naturellement sous leurs ailes. Rachidi, formé en électricité plomberie, me guide jusqu’au village Yoh et la cascade de Kpimé. Mase, un «rasta du quartier», me donne des cours de danse traditionnelle. Pierrette, une étudiante, m’emmène à la messe dans une sorte de hangar où des dizaines de personnes chantent, se lèvent et dansent en réponse à un prêtre qui crie dans un micro.
Durant mon séjour, j’apprends quelques mots du dialecte local et discute avec un maximum de Togolais. J’apprends beaucoup du milieu éwé et note tout quotidiennement. Nos conversations portent principalement sur la religion, la politique et les relations humaines. Sur les routes, les enfants sourient dès qu’ils voient mon visage pâle et toutes les personnes que je croise me saluent. La vie est douce et sincère, la bienveillance en chacun, la violence semble inexistante.
C’est donc la gorge nouée que je parcoure Kpalimé une dernière fois pour dire au revoir à toutes les personnes que j’ai côtoyées et qui m’ont beaucoup donné. A l’aube, Pascal m’emmène à la «station», la gare routière. Nous montons à l’avant d’une voiture pour rejoindre Baguida où je suis chaleureusement accueillie dans sa maison familiale. Mana, la cadette, me fait découvrir Togoville où j’ai l’honneur de rencontrer le prince héritier du Togo, qui conte sagement l’histoire de son pays.
De retour à Paris, je m’empresse de raconter ces singulières aventures et ces rencontres authentiques à mon entourage. Rapidement, j’imagine un projet entre la France et le Togo afin que chacun puisse à son tour vivre une telle expérience dans ce pays.
Après quelques recherches et des échanges de mails, je fais la connaissance d’un peintre sculpteur Franco-togolais qui a un projet d’écovillage dans la brousse. Le terrain lui appartient, certains objectifs sont fixés, des constructions sont en cours, un nom et un logo ont vu le jour mais le projet n’est pas encore abouti. L’idée retient mon attention, elle me semble ambitieuse, mais réalisable et surtout d’actualité.